vendredi 15 février 2008

contes & légendes du Forez (3)

Les chevaliers à l'armure verte
troisième partie




Ses premiers sorts, au nombre de trois, elle les jeta par une douce soirée printanière de l’an de grâce mil neuf-cent soixante-seize. Les chevaliers du Forez combattaient ce jour-là une compagnie de chevaliers teutoniques venus de Bavière et qui leur contestaient la suprématie continentale. Le champ de bataille avait été clairement délimité dans un parc écossais du nom de Hampden. Comme à leur habitude, les chevaliers du Forez ne mégotèrent pas sur leur engagement. Le chevalier Bathenay puis le chevalier Santini eurent tour à tour l’occasion de terrasser l’adversaire. Mais le premier sort jeté par la sorcière Domenech eut raison de leurs tentatives. L’ignoble créature avait protégé les arrières bavaroises en proférant la formule ancestrale « Poteaux carrés, poteaux carrés, poteaux carrés ».
Son deuxième sort, plus terrible encore survint après une heure de combat. Tandis que les chevaliers du Forez, conformément aux règles encadrant les affrontements, se regroupaient, attendant que les dieux de la guerre ne sifflent la reprise du combat, la sorcière Domenech glissa à l’oreille du chevalier Beckenbauer « pourquoi n’attaques-tu point immédiatement, vois tes adversaires, ils reprennent leur souffle, ne te regardent pas, c’est l’heure, Franz, fais-le, et je ferai de toi un empereur ! » Alors ce dernier, au mépris des règles de la chevalerie, grisé par la soif de puissance, sonna l’assaut et lança le chevalier Roth jusque dans le saint-graal des Foréziens.
Blessés, à l’agonie, les hommes de la compagnie du Forez n’avaient plus qu’un seul espoir, un de leurs jeunes compagnons qu’on appelait l’Ange vert. Mais la sorcière Domenech, et c’était là son troisième sort, avait frappé d’une aiguille d’or et de plomb les adducteurs du jeune homme qui, ainsi amoindri, ne put inverser le sort des armes. Battus, les chevaliers du Forez regagnèrent leur royaume. Le Grand chambellan qui avait pour nom Roger le Rocher ne décolérait pas. Perdre, passe encore, mais perdre de la sorte, non ! « Si c’est ainsi, dit-il, tant pis pour les règles de la chevalerie, au diable les principes, au diable l’éthique et s’il faut employer désormais les pires moyens pour l’emporter, qu’il en aille ainsi ! »

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