dimanche 29 mai 2011

Sale ère du soupçon





Nous en sommes encore à trépigner de joie et de ravissement sur le fauteuil à soutien lombaire mis à disposition par notre employeur lorsque notre ami quoique collègue Bertrand B. vient nous relayer sur la chaîne du 6-8. "J'ai du mal à m'enthousiasmer", nous confie-t-il en désignant l'écran où repassent en boucles les highlights du sacre catalan. Allusion furtive aux méchantes rumeurs de performance chimiquement assistée que certains milieux mal intentionnés relaient autour des pieds magiques de Messi, Iniesta et Xavi. La faute à une sale histoire de contrôle positif à la nandrolone qui poursuit le très classieux Pep Guardiola, notre quasi-jumeau, depuis l'époque où il jouait à Brescia en Série A.


"Il y a de moins en moins de sports qui me font bander", reprend Bertrand sans que nous n'osions l'entreprendre sur les vertus revirilisantes du beach-volley féminin et du curling (nous avons, confessons-le, un faible pour les femmes qui passent le balai).


Ô rible soupçon qui entache désormais les moindres faits & gestes de nos amis les sportifs ! En 1989, nous nous en souvenons, nous avions tous adhéré comme un seul homme à la théorie du guidon de triathlète censée expliquer à elle seule par quel miracle Greg LeMond avait détricoté le maillot jaune de Laurent Fignon lors de l'ultime étape chronométrée dans les rues de Paris la si rude. Est-ce la chute concomitante des idéaux communistes ? Est-ce la mort de l'ayatollah Khomeiny ? Quoi qu'il en soit, force est de constater que ce guidon en ferait ricaner plus d'un aujourd'hui.


Et nous sommes prêts à parier cher que ces ricanants suivront ce soir d'un oeil attentif la performance de Dimitri Payet face au PSG, Dim Payet qui devrait jouer ce soir pour la dernière fois sous les vertes couleurs de l'AS Nous avant d'aller faire fructifier ailleurs ses belles qualités.


EXERCICE DE LOGIQUE Sachant depuis l'hiver dernier que son nom figure sur les iPads du PSG; sachant que le PSG a impérativement besoin des trois points pour oser espérer jouer en Liga de Campeones; sachant que tout joueur préfère jouer la Liga de Campeones que la Ligue Europa, vous déterminerez quelle stratégie M. Payet doit mettre en oeuvre à l'occasion du match Sainté-PSG pour optimiser ses gains et sa jouissance. Vous avez genre deux heures.




Naan ! Ami quoique lecteur, rejette cette froide cérébralisation. Ecoute ton corps, écoute tes viscères et vibre, vibre nom de Dieu, s'Il existe. Refuse la pseudo-lucidité, embrasse et reçois pleinement tes émotions. Ne te laisse pas happé par la modélisation du vivant mais renoue avec la fraîche naïveté de tes vertes années.


Sus au calcul. Vive l'intuition.






TROIS LIGNES DE TEMPS ADDITIONNEL


"Trop beau", titre Quiplé ce matin. Ben voyons, vas-y, Quiplé, prends-nous pour des jambons qui ne connaissent pas les proverbes de notre langue et entretiens toi aussi la vile rumeur. Pff



vendredi 6 mai 2011

La petite musique me nuit




C'est un murmure qui monte en décibels jusqu'à saturer l'espace de nos réflexions. Une voix pécheresse qui nous incite au sacrilège.Au début, nous n'y prêtons pas la moindre attention. Nous sommes invités à une fête de jeunes dans l'Est parisien. Comme nous ne connaissons pas grand monde, nous nous tenons dans la fort stratégique cuisine où, savez-vous où est le tire-bouchon, les discussions sont faciles à engager. Et voilà que ces mots sont prononcés. Qu'ils survivent à quelques heures de sommeil et à une douche, qu'ils s'accrochent et nous condamnent à ampégir (1). "Il est trop petit, il peut pas être bon." Rire gras qui ose tacher notre foie. Déni de la réalité statistique qui ose ébranler nos seules certitudes. L'odieuse petite musique squatte notre crâne, la petite musique me nuit. Le Jay qui repousse sur Plasil pour l'ouverture du score de Bordeaux. Le Jay qui se troue sur l'égalisation de Welcome. "Il est trop petit, il peut pas être bon."

Nous sentons encore l'alcool qui imbibe ces mots, mais nous voyons aussi les images siglées Canal Plus. L'ombre d'un doute. Et s'ils avaient raison, ces mots insidieux ? Et si nous la croquions, cette pomme ? Et si nous nous laissions happer par la meute des colporteurs de stéréotypes, des sans-mémoire qui courent nus sur des landes balayées par un vent mauvais, horizon bouché par de tristes barrières mentales ? Et si nous les embrassions, ces mange-disques qui reprennent sans raison le jugement de ceux qui hurlent le plus fort ? "Il est trop petit, il peut pas être bon."Nous vacillons sous les coups de boutoir des ricanants. "Jay, Jay... ah non, Jay pas." Horrible tentation des cris. Mais nous n'avons pas parcouru tout ce chemin pour nous vautrer comme une grosse bouse. Alors, tel Manu Petit intercédant auprès de Zinedine Zidane, nous implorons l'esprit du Jay, nous l'adjurons. Aide-nous à désentendre cette sale petite musique.

Et le Jay, as ever, ne nous fait pas défaut. C'est par l'entremise de l'édition du 29 avril de France Football que sa parole vient à notre secours et nous ouvre la voie de la rédemption. Baptiste Chaumier est allé auprès de lui qui s'apprête à disputer son 383e match sous le maillot vert et égaler, précise le journaliste, Ivan Curkovic. Et voilà ce que lui dit le Jay: "Je n'égale pas Curko, parce qu'il est inégalable, je le rejoins."


QUATRE LIGNES DE TEMPS ADDITIONNEL
Lecteur ami car exigeant, tu auras sans doute relevé l'irruption inopinée d'une première personne du singulier. Mais la petite musique nous nuit, c'est de suite gravement moins mozartien. Et nous te rappelons que nous sommes ici chez wam, not but !


(1) Christine Murillo, Jean-Claude Leguay et Grégoire Oestermann, Le Baleinié, dictionnaire des tracas, Seuil 2003










lundi 7 février 2011

"Soyons notre destin"

Le rugby nous ennuie quand il brandit ses valeurs comme des oriflammes. Ses références éternelles à la solidarité, au courage, à l’engagement au service d’un collectif ressemblent de plus en plus à des villages Potemkine cachant mal les dégâts du professionnalisme. Sous le terroir du marketing couve un feu dévastateur qui contraint Jo Maso à insister auprès des joueurs « sur la chance qu’ils ont de faire un métier où la sieste est obligatoire ».

N’empêche, ces rugbymen, z’ont méchamment le sens de la formule.

Nous nous souvenons d’une formidable interview accordée par Fabien Galthié à Quiplé avant la Coupe du monde 2003. Citation montée en titre : « Soyons notre destin ».

Et voilà que l’injonction s’applique à merveille à l’AS Nous ces jours-ci. Nous affrontions Toulouse, une victoire, et nous les sautions au classement. Une victoire, et nous les avons sautés. Nous affrontions Montpellier, une victoire, et nous les sautions au classement. Une victoire, et nous les avons sautés. Et voilà qu’arrive Lyon, et voilà qu’arrive Marseille. Deux victoires, et nous les sauterons grave. Deux victoires, et la quatrième place sera nôtre, quelles que soient les performances de nos rivaux qui nous précèdent encore au classement. Et s’il advenait que certains d'entre eux flanchent, nous serions de retour sur le podium. Putain, la Liga de Campeones, dude ! La lalalala la la la lala la, aux z’arma !

Alors merci aux rugbymen et à leur sens de la formule : ô AS Nous, sois ton destin.

SIX LIGNES DE TEMPS ADDITIONNEL

Mis à la disposition ce week-end de la CFA, Dimitri Payet a joué, et plutôt bien, contre Pau. Un but, une passe décisive. Quiplé nous apprend même qu’ «il s'est aussi prêté au jeu des autographes au coup de sifflet final». Pas mal pour un joueur qui était prêt à aller au clash avec ses dirigeants. Un petit pari ? Dim sera titulaire contre Lyon et va en claquer au moins un.