Nous avions
loué un gîte pas très loin d’Avignon. Notre logeuse n’avait rien d’un vieux
Polonais qui cherche une mine d’or et nous ignorions si la piscine était loin.
Les champs d’oliviers, eux, étaient en contrebas, à quelques lacets sur la
route qui descend du col de Suzette. C’était week-end de cueillette, deux jours
à traire les oliviers. 990 kg fruit par fruit dans nos paniers de plastique
noir suspendus au cou. Le vent glacé nous raccrochait à cette autre Provence,
celle de l’hiver. C’était pas pastis et souleïado, mais froid aux doigts et vin
chaud. On se croyait chez Giono.
Nous
grimpions aux arbres, assurant une position précaire. Pieds en opposition, jambes
en tension, muscles sous acide lactique. D’une main amener un rameau à soi, de l’autre
l’empoigner et glisser le long des feuilles. Plop, fait l’olive qui tombe au
fond du panier. Plop, plop, plop. Nous ne pensions à rien d’autre que la
mécanique des gestes. C’était samedi, puis c’était dimanche. Nous avions trouvé
Quiplé et sa Une sur le match à ne
pas manquer. Notre train tout à l’heure nous ramènerait à temps pour mater la
seconde mi-temps. Si nous avions de la chance, nous aurions même la possibilité
de voir la fin de la première. C’était derby.
Mais la tête
dans les oliviers, nous n’y pensions pas. Et c’était bien ainsi. Parce que
cette saison, c’est l’angoisse. Lorsque nous jouions le maintien, lorsque nous visions
le ventre mou, c’était du repos pour l’âme. Perdre était la normalité, tout
autre résultat relevait de la surprise heureuse. Divine même lorsque nous
rossions une grosse écurie. Mais là, tandis que nous tutoyons la Liga de
Campeones, l’angoisse de nous vautrer in fine vaut torture de l’âme. Comme
cette Copa della Liga, là, où nous ne sommes plus qu’à une marche du Stade de France.
T’imagines, toi, te faire planter là ? Alors qu’une bonne petite
élimination en seizième, tu t’en tapes. Aussi perdre ce derby, c’est non
seulement perdre contre Lyon, horreur, mais aussi lâcher trois points sur la
tête. Horreur au carré. Alors plop, plop, plop, les olives. Et ne pas y penser.
DEUX LIGNES
DE TEMPS ADDITIONNEL
Ce soir, bim !,
encore un match à gagner pour rester au contact. Et pas un seul olivier pour m’occuper
les mains et l’esprit.
5 commentaires:
Hé bien nous revoilà tranquilles... Joyeux Noël quand même...
Anonyme a dit: "Anonyme, c'est moi, Laurent, une heure tout juste après la défaite au Vélodrome..."
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